Conservation de la Faune
LEs 3 Piliers de la
Conservation
Les 3 Piliers de la Conservation
Les Aires Protégées (AP) du Nord Cameroun sont menacées par plusieurs pratiques illégales et néfastes pour l’environnement : l’élevage transfrontalier de bétail, la coupe non autorisée d’arbres (principalement pour le fourrage du bétail, pour combustible ou pour la vente de matériaux de construction), le braconnage (notamment à échelle commerciale, pour la viande de brousse), l’orpaillage, la pêche illégale ou encore l’agriculture transfrontalière à tendance incursive.
Ces conflits d’usage ainsi que d’autres pratiques nocives (telles que l’absence de gestion des déchets ou de contrôles vétérinaires sur le bétail et chiens domestiques des villages avoisinant les aires protégées, etc.) représentent autant de menaces immédiates sur la biodiversité, les écosystèmes interconnectés & interdépendants, et la sécurité humaine. Ces menaces sont accentuées par les trois phénomènes suivants, qui contribuent à l’augmentation de la pression sur les ressources naturelles :
Premièrement, du fait de la croissance démographique extrême et des déplacements de populations en provenance de l’Extrême Nord (à cause des crises économiques, environnementales, politiques, pression terroriste, etc.), nous assistons à un afflux de populations autour et au sein des aires protégées & parcs nationaux du Nord Cameroun.
De plus, des filières économiques dynamiques (notamment les filières cotonnière & minière) bousculent les paradigmes, avec des marchés qui présentent des enjeux colossaux. Les populations s’engagent dans ces filières qui leur assurent assez rapidement un ancrage social.
Enfin, le pastoralisme traverse une période de crise qui se manifeste par un pastoralisme extensif nomade ou semi-nomade qui a de plus en plus de mal à trouver des couloirs pour la transhumance, ce qui provoque des conflits entre agriculture & pastoralisme. Cela renforce une tendance à l’envahissement des Aires Protégées.
En théorie, ces pressions sur les ressources naturelles devraient être limitées et encadrées par le gouvernement Camerounais mais dans la pratique, l’afflux n’est pas régulé de manière formelle, mais par des mécanismes d’accords avec les autorités coutumières et des circuits d’argent plutôt opaques.
Il est d’ailleurs important de noter que la plupart des villages avoisinants les Aires Protégées et Parcs Nationaux est illégitime puisque la Constitution prévoit qu’aucun village ne peut s’établir à moins de 50 km d’une limite d’Aire Protégée. La plupart n’existait pas lors du découpage de ces dernières. Aussi, les villages se sont construits dans l’indifférence de l’État Camerounais, ou bien dans sa complaisance.
En outre, une partie des bénéfices des Aires Protégées est collectée par le gouvernement sous forme de taxes (location des aires protégées, taxes d’affermage, autres) qui devraient être redistribuées aux communautés locales, notamment sous forme d’incentives pour les motiver à ne pas perpétuer d’activités illégales et à limiter tout envahissement des AP. En réalité, cette politique de partage des bénéfices du secteur de la Conservation avec les populations locales n’est pas appliquée. Ainsi, les communautés locales cherchent à répondre à leurs besoins de subsistance et ont peu d’autres choix que de recourir aux activités non durables citées plus haut.
Les déterminants de la Conservation de la biodiversité, du développement durable des Aires Protégées et de l’amélioration de la gouvernance territoriale tiennent en 3 axes interdépendants : (1) une meilleure surveillance du paysage & lutte anti-braconnage (LAB), (2) un système judiciaire renforcé avec une réelle application des peines et (3) le développement d’alternatives économiques saines.
En revanche, nos observations terrain depuis plus de 50 ans démontrent que :
> Les acteurs illégaux ont une meilleure compréhension des techniques empiriques d’anti-braconnage et déjouent souvent les stratégies actuelles mises en place.
> Lorsqu’interpellés par les équipes anti-braconnage, la plupart de ces acteurs échappe au circuit judiciairepuisqu’elle négocie sa libération avec les autorités coutumières. Le manque de volonté politique, d’intérêt pour l’environnement, le manque de budget alloué à la conservation et au système juridique ou encore le retard ou le paiement incomplet de ses fonctionnaires par l’état, favorise ces négociations opaques, surtout lorsque les criminels interpellés « ne sont que » des bergers, des pêcheurs, des braconniers d’espèces communes ou braconniers d’influence, des coupeurs de bois, ou des personnes non identifiées (interpellées dans la brousse sans équipement, sans pièces d’identité, sans situation de flagrant délit), ce qui représente au moins 95% des interpellations constatées. Et tout cela sans compter les cas où les autorités locales font partie des commanditaires des activités illégales.
> Les acteurs illégaux ont le choix parmi d’autres alternatives, limitées, afin de subvenir à leurs besoins (emploi dans les organisations du secteur privé de la Conservation, dans l’anti-braconnage, agriculture, élevage, commerce, autres) mais préfèrent les activités illégales, souvent plus rentables, moins contraignantes en termes d’encadrement, d’horaires de travail, etc.).
Conclusion : le risque est mesuré, les intérêts sont significatifs. Le jeu en vaut la chandelle.
L’enjeu est donc de recréer un paysage économique sain, paysage d’opportunités et d’alternatives afin de détourner les populations locales des activités illégales et nocives pour l’environnement au profit d’activités saines, génératrices de valeur.
Une réponse de surveillance et de LAB musclée à l’intérieur des AP, nécessaire à la résilience multi-échelle des espaces naturels, doit servir comme outil au service de ces nouvelles opportunités économiques dans la mesure où la SURVEILLANCE et la RÉPRESSION accrues dans/autour des aires protégées favorisent directement l’étude d’ALTERNATIVES ÉCONOMIQUES pour les populations qui participent aux activités néfastes pour l’environnement. L’implication des communautés locales doit être totale.
Ainsi, les trois déterminants de Conservation cités plus haut sont absolument interdépendants et ne solutionneront pas de manière individuelle les problématiques liées à la préservation de la biodiversité et au développement local.
L’implication des membres et bénéficiaires de The Faro Conservancy Project est tout à fait unique puisque certains d’entre nous sont présents sur le paysage depuis plus de 50 ans. Certains encore passent plus de 8 mois/an sur le terrain, au plus proche des communautés locales, des acteurs illégaux et des zones de conflits. C’est cette crédibilité sans égale qui nous permet d’apporter aujourd’hui des réponses concrètes, ciblant directement les conflits observés sur le terrain et les déséquilibres qu’ils provoquent.
Sans une approche globale et intégrée, nous ne ferons que repousser les échéances de dégradation des Aires Protégées et des espèces animales qui en sont la raison d’être, et qui constituent un Patrimoine Mondial unique.
Découvrez comment notre Organisation à but Non Lucratif « The Faro Conservancy Project »
lutte contre le braconnage au Cameroun, et comment vous pouvez nous soutenir !
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