Histoire de Chasse
Chasse Aquatique
Après de multiples opportunités manquées, c’est au bout du 6ème jour de chasse que nos objectifs sont satisfaits. Le majestueux éland de Derby nous aura fait courir au sein de son troupeau de 50 animaux pendant plus de 5 heures et ce vieux buffle dont le troupeau solidaire s’est rebellé contre nous après la chute de son dominant… Tous ces instants fugitifs, empreints d’émotions contrastées et uniques, occuperont nos mémoires pour toujours.
Le soir même, nous progressons sans bruit sur une rive rocailleuse de la rivière Faro, lorsque nous surprenons un couple de Cobs de Buffon en train de boire. Ils nous localisent : la femelle de Cob siffle afin d’avertir son mâle du danger potentiel que nous représentons. Ce dernier, d’une élégance et curiosité égales, nous toise en demeurant immobile. Sa silhouette éthérée semble irréelle. Les stries de son cornage reflètent la lumière, magnifique animal !
J’ai tout juste le temps de sortir mon Canon pour immortaliser son portrait.
Puis, nous nous éloignons, nous ne sommes pas ici pour cela. Quelques dizaines de mètres encore. Enfin, nous y sommes. Nous déposons notre chargement sur le sable encore tiède alors que les derniers rayons de soleil s’emparent de nos yeux.
Dinkao ramasse un peu de bois en prévision du feu qu’il allumera plus tard dans la nuit. Edward et Stuart s’affairent à préparer leur matériel alors que je vérifie que le chargeur de ma 416 Remington est plein. En revanche, je pose mon arme en équilibre sur un rocher lisse. A priori, je n’en aurais pas besoin ce soir. C’est ainsi que la chasse au… Capitaine débute ! Edward empoigne sa canne à moucher de calibre 12 et se tourne vers la rivière. Il scrute les moindres aspérités du faible courant, évalue la distance qui le sépare de la berge d’en face. S’en suivent quelques lancers d’échauffement. Aucune lune ce soir, l’expérience se poursuit dans le noir le plus complet. Nous ne pouvons compter sur nos yeux ce qui rend la pêche à la mouche encore plus sensorielle. C’est l’entraînement idéal pour perfectionner son lancer ! Si l’on se concentre, il est même possible de ressentir les vibrations produites par la mouche qui pousse l’eau lorsque l’on ramène la soie. Sans capacité d’anticipation, la touche devient électrisante. Elle se propage dans toute la main avant d’atteindre l’épaule. C’est l’adrénaline qui finit d’inonder notre esprit.
Les mouches fendent l’air avec un sifflement presque envoûtant. Un couple de hiboux grand-duc se fait écho. Un hippopotame grogne timidement pendant qu’une hyène ricane à quelques cent mètres de là. Je ne peux m’empêcher de penser : se moque-t-elle de nous ? C’est un paradoxe prodigieux de silence et d’orchestre. Toutefois, le fantasme du Capitaine Géant me sort de ma torpeur. Je suis certain qu’il nage dans tous les esprits.
Soudain, une voix déchire le silence : « I’m in ! ». C’est celle d’Edward, un poisson a mordu au leurre. Pêcheur expérimenté, son excitation ne laisse aucun doute : le poisson est très gros.
Je me précipite à ses côtés pour l’éclairer. Le poisson prend aussitôt plusieurs dizaines de mètres de soie avant qu’Edward ne parvienne à freiner sa course en bloquant son moulinet à deux mains. Malgré cela, le poisson file toujours. Ses doigts brûlent, Edward est obligé de courir sur la rive afin de mieux contrôler son combat. Je l’escorte à toute vitesse et, contre toute attente… le poisson fait demi-tour. Est-ce bien un poisson tout compte fait ? Cela pourrait être un hippopotame ou un crocodile après tout. Dans le doute, je retourne chercher ma 416. Notre pêcheur gagne centimètre par centimètre avant d’en reperdre la totalité. L’affrontement se poursuit pendant plus d’une heure : il s’agit bel et bien d’un poisson ! Un crocodile ou un hippopotame ne tient pas autant de temps sous l’eau. L’adrénaline à son paroxysme, Stuart et moi nous asseyons à même le sol dans l’attente du dénouement. Nos pisteurs débattent, j’entends Saliou confier à Dinkao « ça, c’est plus de 60 kilos ! ». Edward rembobine sa soie méticuleusement, avec un sang-froid exemplaire. La lumière de nos lampes frontales se reflète sur le Capitaine sous la surface. Soudain, la mouche se décroche de sa lèvre inférieure. Stuart se précipite dessus et l’attrape par la gueule. C’est terminé. 162 cm de long pour un poids de 72 kg.
Il est spectaculaire. Après une séance de ré-oxygénation, le dinosaure est remis à l’eau.
Il continuera de transmettre son matériel génétique et d’alimenter le Faro de ses progénitures.
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