Histoire de Chasse
3 jours 3 élands
3 jours
3 élands
L’histoire que je vous conte ici est inscrite dans mes annales.
En effet, de ma vie de professionnel, je n’ai jamais vu l’opportunité se renouveler trois jours de suite sur le mythique éland de Derby. Incroyable.
Mai 2006, Jean-Paul, Jean Vannier et moi-même recevons 3 chasseurs bruxellois : Walter, Guillaume et Jean, chassant chacun avec un guide. Par souci d’équité, ils choisissent de faire une rotation tous les 4 jours.
Leurs principaux objectifs sont l’éland de Derby pour Guillaume et Jean, l’éléphant pour Walter.
Les végétaux et la terre lavés par les premières pluies exhalent un bouquet de parfums subtils. Les robes fauves des antilopes se détachent violemment du décor verdoyant. L’Afrique revêt son manteau vert.
Ce matin-là, Jean m’accompagne. Sur la piste, quelques traces moulées de 2 élands rejoignant un troupeau d’une dizaine d’animaux. Les tiges, d’où sourd une sève visqueuse, nous confirment leur proximité. Le contact survient. Le bouclier naturel d’un monticule permet une approche rapide. Déjà, un éland majestueux offre son profil à 30 mètres tandis que nous restons contemplatifs quelques fractions de secondes, l’ordre de tir gelé à mes lèvres. Jean vise et lâche sa balle. L’éland sursaute et disparaît dans un trot effréné.
Nous pistons quelques kilomètres : aucune trace de sang ! Jean pense avoir raté son tir. Peut-être le dérèglement de la détente et l’émotion en sont-ils la cause ? Après manipulation de la 375 de Jean, je constate qu’elle percute variablement d’un coup à l’autre. Je sens la confiance de mon hôte quelque peu altérée. Pas d’autre alternative que de s’accommoder de ce défaut en attendant de la retourner à l’armurier. Nous rentrons déçus au campement.
Le lendemain, sur la piste mouillée d’une ondée nocturne, nous croisons les traces d’un groupe d’une cinquantaine d’élands que nous remontons dans l’heure. Le troupeau fait la sieste. J’aperçois 2 mâles couchés à l’ombre d’un arbre imposant. L’un d’eux décèle aussitôt notre mouvement et se lève, suivi du second. Accroupis, j’indique à Jean celui de gauche.
Le coup retentit. L’animal se cabre et disparaît derrière la végétation. Il tombera vingt mètres plus loin arborant un superbe trophée. Congratulations.
Le reste du troupeau nous comble alors d’un spectacle fantasmagorique. D’un pas incertain, les élands se dirigent vers nous, les cornes fières, l’œil hagard, l’allure noble. Ils ne nous localisent pas et s’approchent à vingt mètres à peine. Je sors mon « Canon » et mitraille toute une pellicule de cet entremêlement de cornes hélicoïdales et de robes délicatement striées. À cette distance, nous pouvons admirer le drapé des fanons ondulant. Des liserés blancs surlignent naturellement leurs regards alertes.
J’observe la musculature puissante de trois grands mâles ondoyer sous leur peau rouanne. Intrigués par les cliquetis du déclencheur de mon appareil, ils disparaissent tels des fantômes engloutis par la végétation. Instant magique.
À une heure près, cette même matinée, mon ami Jean-Paul fait tirer un éland à Guillaume. Malheureusement l’animal blessé les conduit dans une longue traque qui demeura vaine à la nuit tombée.
Le soir venu, dégustant de la moelle d’éland sur toasts grillés accompagnée de champagne glacé, chacun des protagonistes donne sa perception des faits…
L’animal avait été tiré trois quarts arrière, se trouvant dans une légère dépression de terrain. Il avait rué au coup de carabine.
Très peu de sang tout le long du pénible pistage pendant lequel l’animal ne s’était jamais arrêté. La balle aurait-elle simplement traversé la chair d’une cuisse ?
Chose certaine, elle n’a touché ni os ni abdomen, sinon l’animal se serait couché au moins une fois. Que de questions sans explications définitives.
La fête en l’honneur de l’éland de Jean bat son plein, mélange de liesse pour les uns et de frustration pour les autres.
Le lendemain matin, je prends l’initiative de cerner le secteur où la traque de l’éland blessé s’était terminée. Au bout de 10 minutes de marche intensive, nous apercevons une forme progresser à 300 m.
J’ajuste les jumelles : un éland traverse notre champ de vision, la tête lourde, un filet de sang séché sur le haut de la cuisse. Il semble exténué. C’est l’éland de Guillaume sans aucun doute ! Quelle chance incroyable de le retrouver sur une aire de 50 km2 ! Nous l’approchons. Jean le foudroie à 100 m.
Les réponses à nos interrogations apparaissent alors évidentes : la balle de Guillaume avait atteint le haut de la cuisse, traversant la musculature sans toucher d’os, perforant tangentiellement la vessie pour terminer dans le fourreau. L’œdème s’était propagé tout le long de la paroi de la cavité abdominale de couleur bleue. L’animal était condamné. Jean rapporta le trophée à son ami Guillaume qui récupéra bien vite sa bonne humeur.
Ce soir, une fois de plus, nous inviterons les esprits de la savane à se joindre à nous pour les festivités.
Combien de chasseurs pourraient se glorifier dans les salons d’avoir eu l’occasion de tirer sur 3 élands de Derby en 3 jours ?…
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