Histoire de Chasse
Retour en Forêt
Quelque part dans le sud équatorial camerounais…
Le début de la saison des pluies déclenche la fureur des éléments. La cime des géants verts ploie sous la rage du vent. Certains troncs gigantesques cèdent et s’affalent en travers des pistes. Les tronçonneuses rugissent et nous délivrent des obstacles. Aussi vite qu’il a surgi, l’orage disparaît laissant place au soleil. Le contraste entre le rouge latéritique et la luxuriance des dégradés de verts offre des panoramas presque surnaturels.
Les pistes forestières permettent de recouper les traces plus ou moins récentes de tout une faune abritée par cette immense forêt primaire… Éléphants, bongos, buffles nains, sitatungas, gorilles, chimpanzés, hylochères, potamochères, céphalophes, etc. Je me réjouis de tant de marques de présence. Cette première journée en immersion végétale dépasse toute espérance.
Au fil de la piste, nous jaugeons plusieurs empreintes de bongos quand l’une d’elle nous interpelle. Nos pygmées Bakas scrutent tout indice nous permettant de progresser derrière notre solitaire. Ils dissèquent, retournent les feuilles, se couchent sur l’humus pour observer une différence de ton, fouinent tels des chiens d’arrêt derrière une bécasse. Le pied conséquent laisse présager d’un trophée mâture. Il nous promène au gré de ses envies, traversant quelques sous-bois fluides, pénétrant d’autres espaces inextricables que nous déflorons de nos machettes et sécateurs. Des liens végétaux nous emprisonnent. Nous nous dégageons, obligés d’enjamber, de nous courber, de ramper parfois, ou d’esquiver le retour d’une tige épineuse qui rebondit en pleine face.
Les derniers indices nous témoignent de la proximité de notre quête. Notre bongo s’est couché à maintes reprises dans une aire plus dégagée. Il nous aura certainement entendus car des traces plus enfoncées montrent une soudaine célérité.
Il est vraisemblablement statique au détour d’un buisson, à l’écoute du danger.
Nous laminons sans bruit les lianes qui font obstruction. Nous avalons méticuleusement les derniers mètres avant le contact. Notre pisteur de tête pointe du doigt une tâche rousse informe filtrée par la lumière. Une large oreille chasse une mouche, trahissant sa présence. L’antilope nous dévisage, prête à bondir. Je fais signe à mon hôte. Dans un mouvement ralenti, il lève son canon, et essaie de définir la posture de l’animal pour ajuster son tir. Le bongo s’apprête à glisser sous un épais bouclier de feuilles quand la balle le happe dans son impulsion. Des Calaos géants crient leur effroi. Des cercocèbes vocifèrent. Puis le silence reprend possession des lieux.
Nos amis Bakas dévoilent leurs dents biseautées, coutume ancestrale. Signe de bon augure. Dans une liesse incommensurable nous remercions les Dieux animistes pour nous avoir autorisés de sacrifier une splendide créature à l’autel de nos désirs.
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